J'ai été affecté à la 414ème CLRM en été
1975, dans la même période où mon père, Ingénieur
Général quittait le service actif, son dernier poste ayant été
Commandant et Directeur du Matériel de la 2ème Région
Militaire. Je l'attendais depuis longtemps, ce moment où je rejoindrai
le Matériel.
Bon, j'avais quitté le trou lorrain et en arrivant à Laon-Couvron,
je me suis vite aperçu que je n'étais pas dans une région
sèche, ensoleillée, en bord de mer, près de la montagne
...Je n'avais pas eu le choix de la garnison. J'étais tombé
dans le pays de la haute patate, de la boue et du brouillard et j'ai vite
vu qu'il fallait laisser tomber le coté touristique (quoique ...) pour
m'appliquer à mon travail qui pendant quatre ans s'est toujours avéré
passionnant.
Ma fonction était Chef de la section technique d'emploi (STE). J'étais
l'adjoint technique du Commandant de la CLRM chargé des interventions
de 3ème échelon des matériels servis par la 16è
Brigade mécanisée. Ce n'était pas rien : un superbe garage
de 150 mécaniciens plein en permanence d'AMX30, d'AMX13, d'AMX10, de
camions, de camionnettes, de jeeps,
Pendant la première année, tout en étant pseudo chef
de la section de réparation des AMX30, j'étais en doublure du
LTN VASTEL, titulaire du poste, que je n'aurais pas vraiment pu tenir car,
après avoir pâli dans l'étude des différents textes
réglementaires de réparation et d'approvisionnement du Matériel,
j'ai effectué à l'ESAM de Bourges, de novembre 75 à février
76, un stage d'intégration dans le Matériel avec, d'ailleurs,
de futurs grands responsables de l'Arme dont un directeur central.
Je dois énormément à mon premier commandant de compagnie,
le Capitaine LAVERGNE, le phoque, un ancien, aussi pointilleux qu'expérimenté
qui m'a tout appris et il faut le dire aussi à mon second commandant
d'unité, le Capitaine DROUOT, entièrement orienté vers
la communication du niveau Brigade, mais qui m'a laissé les coudées
tout ce qui a de plus franches pendant mes deux dernières années.
Je remercie particulièrement les officiers (BEL, GRAPIN
) et
les sous-officiers (TATINCLAUX, SCIOT, DELMONT
) qui m'ont patiemment
instruit et fait valoir dans un milieu où je débarquais avec
le désir de bien faire. J'étais conscient de l'importance de
la mission : décider de l'échange d'un moteur d'AMX30 estimé
à l'époque à 500 000 de francs, accuser tel régiment
d'être responsable d'une détérioration d'un moteur d'AMX13,
rédiger les notes d'organisation de tout ou partie de la compagnie
à l'occasion des nombreuses manuvres,
Je m'éclatais.
Les manuvres étaient assez différentes que celles que
j'avais effectuées dans la Basane. Par définition, la CLRM était
implantée en périphérie du camp (Sissonne, Mailly ou
Mourmelon) afin d'être assez près des sections de réparations
accolées aux régiments et ouverte vers l'extérieur pour
contrôler les mouvements d'approvisionnement avec les établissements
du Matériel. Le bivouac était privilégié, car
la vie y était plus libre.
Mon rôle principal était de faire, en permanence, le tour des
sections et des ateliers régimentaires pour régler les priorités
de réparation et d'approvisionnement des équipements importants
attendus sur le terrain. Il ne fallait pas cependant trop se faire piéger
par l'accueil souvent chaud de mes correspondants
.
C'était pourtant l'époque où je fumais comme un pompier,
mais jeune et pêchu, je ne m'apercevais pas encore que m'intoxiquais
à petit feu.
C'était encore l'époque où la secrétaire utilisait
une machine à écrire mécanique et des stencils.
De mon bureau, j'avais une large vue sur les ateliers.
En 1979, la 14ème Brigade mécanisée a fait place à la 8ème Division et celui qui me succédait, héritait d'un temps de commandement de capitaine. La scoumoune pour moi, compte tenu de celui qui m'attendais à Saumur.
414ème Compagnie Légère de Réparation du Matériel
de 1975 à 1979